Karen Gaillard rêve des 24 Heures du Mans
Espoir du sport automobile suisse, Karen Gaillard a vécu un premier grand moment à la fin janvier en participant aux 24 Heures de Daytona.
Comme tout(e) pilote automobile, elle rêve forcément de Formule 1. Mais "on peut faire de belles carrières en endurance", glisse la jeune Fribourgeoise de 23 ans.
Sa participation aux mythiques 24 Heures de Daytona a éveillé l'intérêt des médias suisses. La jeune femme semblait ainsi déjà bien rompue à l'exercice de l'interview lorsqu'elle a accueilli Keystone-ATS dans la maison familiale de Pont-la-Ville il y a quelques semaines.
De toute manière, elle n'a pas sa langue dans sa poche, et son sourire ne la quitte guère. "Je n'arrive pas à rester sérieuse pour les photos", s'excuse-t-elle d'ailleurs à l'heure de poser pour le photographe. Lequel va découvrir très vite l'autre facette de la jeune femme, qui aura 24 ans le 1er juin.
"J'ai vraiment deux personnalités différentes. Il y a la Karen dans le privé, et il y a la pilote", soulignera-t-elle plus tard. "C'est drôle parce qu'un mécanicien m'a fait remarquer qu'à chaque fois que je mettais mon casque, mon regard changeait. On dirait que je suis prête à tuer quelqu'un", sourit-elle.
"Je ne suis pas du tout pareille dans la vie de tous les jours qu'en compétition. Je suis une battante, et je le suis bien sûr aussi dans la vie de tous les jours. Mais dans la vie de tous les jours, je suis quelqu'un de très gentil. Alors que sur un circuit il n'y a pas d'amis", précise-t-elle.
Du hip-hop au karting
Compétitrice-née, Karen Gaillard est pourtant venue sur le tard au pilotage. "J'avais 17 ans lors de ma première véritable année de compétition en karting. A cet âge-là, il faudrait déjà avoir un pied en Formule 1", fait-elle remarquer, bien consciente que ses chances d'évoluer dans la catégorie reine du sport automobile sont très minces.
"Cela faisait alors déjà quelques années que j'avais envie de commencer le karting, sport que J'ai découvert quand j'avais 10 ans en regardant mon papa disputer une course. Mais ce n'était pas possible de commencer tout de suite", regrette la Fribourgeoise, qui a longtemps pratiqué le... hip-hop avant de se lancer dans le karting.
"J'essaie d'apprendre très vite, afin de faire la plus belle carrière possible", lâche-t-elle, se remémorant un moment-clé: "En allant assister à une course de karting de mon papa, j'ai remarqué deux jeunes filles qui faisaient partie d'une équipe et qui devaient avoir 14 ans. C'est là que je me suis rendu compte que c'était un sport ouvert à tous", explique-t-elle.
Iron Dames, une "opportunité unique"
Un sport qu'elle peut désormais pratiquer sereinement au sein du projet 100% féminin Iron Dames, où elle bénéficie d'une structure très professionnelle en compagnie de 18 autres pilotes et de 12 cavalières d'équitation. "C'est une énorme opportunité pour moi de faire partie de cette équipe", concède-t-elle.
"Je suis très reconnaissante envers Deborah (Mayer) qui a fondé ce projet vraiment hyper cool. C'est sûr que, sans elle, de nombreuses choses que je fais actuellement ne seraient pas possibles", glisse Karen Gaillard, qui participera ainsi dès ce week-end à la Porsche Carrera Cup France dont la première des six manches se déroulera sur le circuit de Barcelone.
Sans vouloir brûler les étapes, la Fribourgeoise espère cependant pouvoir passer assez rapidement à l'étage supérieur. Les 24 Heures de Daytona l'ont marquée. "C'est vraiment spécial. Je l'ai compris le premier jour: le premier pilote que j'ai vu c'était Kevin Magnussen, qui était encore sur la grille en Formule 1 l'an dernier", rappelle-t-elle.
"Là je me suis dit +wouah+. J'ai alors tourné la tête, j'ai vu beaucoup d'autres anciens pilotes de F1 comme Romain Grosjean ou Felipe Massa. J'ai alors eu l'impression d'être dans la cour des grands", sourit Karen Gaillard, pour qui la Formule 1 n'est toutefois pas un but en soi.
Le Mans, un objectif plus qu'un rêve
"Pour tous les pilotes, la F1 c'est quand même le rêve. Mais il n'y a de place que pour les 20 meilleurs du monde. C'est une catégorie de plus en plus difficile à atteindre, car il ne suffit pas d'avoir du talent. Quand j'ai commencé à concourir en karting, je savais qu'il ne fallait pas avoir la F1 comme objectif", souligne-t-elle.
"Aujourd'hui, je vise un peu plus l'endurance. On peut faire de belles carrières en endurance. D'ailleurs, la plupart des pilotes qui arrêtent la Formule 1 passent à l'endurance, où le niveau est de plus en plus élevé", explique-t-elle.
Et qui dit endurance, dit 24 Heures du Mans. "C'est plus un objectif qu'un rêve, parce cela me tient vraiment à coeur de le réaliser", souffle Karen Gaillard. "J'espère pouvoir y participer le plus rapidement possible. Mais pour le moment, on va continuer à se préparer en sprint."